Près de 1M$ de fonds publics pour un projet immobilier abandonné

Metro Montreal

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Au moins 960 000 $ – et possiblement jusqu’à 2 M$ – de subventions gouvernementales ont été engloutis dans un vaste projet de complexe communautaire gai à Montréal, projet qui n’a jamais vu le jour.

Le projet, lancé au début des années 2000 et chapeauté par la fondation Mario-Racine, devait réunir sous un même toit, dans le Village, diverses ressources pour la communauté LGBT.

«Y seront logés en permanence quelque 25 organismes communautaires qui voisineront, à leur tour, une centaine d’autres groupes LGBT. Tous feront utilization, dans cet immeuble de 80 000 pi2, des équipements et des espaces variés offerts», annonçait en grande pompe le journal Fugues, en octobre 2006.

Depuis, rien. La fondation affirme avoir tout perdu dans un imbroglio immobilier et légal. Les comptes bancaires ont été fermés, et la fondation cessera ses activités cette semaine, a appris Métro. Les quelques dizaines de milliers de dollars qui restent dans les coffres de l’organisme sans however lucratif seront redonnés au gouvernement.

Pourtant, le projet semblait prometteur à l’époque. En 2005, la Ville de Montréal, ainsi que les gouvernements provincial et fédéral s’engageaient à fournir 1,2 M$ chacun pour la mise sur pied du complexe communautaire.

«C’est un centre communautaire qu’on voulait, pas un constructing phare sur la rue Sainte-Catherine.» –Bruno Grenier, secrétaire de la fondation Mario-Racine

Québec confirme que 960 000 $ d’aide fédérale et provinciale ont été versés à la fondation. Lorsque le projet ne s’est pas réalisé, un remboursement a été exigé. La fondation n’a pas accédé à cette demande. «Après analyse approfondie de la state of affairs, il n’a pas été recommandé d’entreprendre d’autres recours auprès de la fondation», a expliqué à Métro Louise Quintin, relationniste au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire.

Du côté de la Ville, une aide financière de 1,2 M$ a été approuvée par le conseil d’arrondissement de Ville-Marie le 6 septembre 2006. Il n’a pas été attainable de déterminer combien d’argent avait été versé à la fondation, ni si un remboursement avait été demandé, malgré une demande d’info faite par Métro en décembre 2016.

«Le système comptable de l’arrondissement a changé depuis 2005, a précisé Anik de Repentigny, chargée de communication à l’arrondissement. Nous avons transmis une demande au Service des funds de la Ville de Mont­réal pour savoir s’ils sont en mesure de retrouver des chèques émis dans l’ancien système.» Le four janvier, on affirmait que des réponses ne seraient pas obtenues «avant quelques semaines».

Le financement a tout de même permis à la fondation Mario-Racine de faire l’achat, en 2006, de l’immeuble Am­herst, rue Sainte-Catherine, dans le Village, pour un peu moins de 6,5 M$. Après avoir versé un dépôt de 350 000 $, la fondation s’engageait à verser la totalité de la stability, soit 6,1 M$, avant 2008.

Au remaining, en défaut de paiement et faisant l’objet de plusieurs poursuites – dont quelques-unes ont été rejetées en cour –, la fondation a dû redonner l’immeuble au vendeur, le développeur Daniel Revah, perdant du fait même tout l’argent investi, maintient le secrétaire de la fondation Mario-Racine, Bruno Grenier.

«Une disaster»
«C’est un cauchemar pour moi, a affirmé M. Grenier. Ce sont des années de travail, ça a été un cauchemar pour l’ensemble des administrateurs.»

Pour lui, les problèmes de la fondation ont débuté dès qu’elle a fait l’achat de l’immeuble. «On a acquis l’immeuble, on a fait faire les plans. Puis là, les problèmes sont arrivés, on n’arrivait pas à trouver le financement; de plus en plus le propriétaire voulait de l’argent. À partir de là, c’est parti en vrille et ça a fermé», avance-t-il.

Selon lui, la fondation n’avait pas l’intention, au départ, de faire l’acquisition d’un immeuble, mais d’en faire construire un sur un terrain vacant non loin de là.  Il juge que la fondation a peut-être payé trop cher l’immeuble.

«C’est clair que, selon moi, on a pris une mauvaise décision. C’est facile à voir par après, admet M. Grenier. On n’aurait peut-être pas dû aller de l’avant ou demander plus de financement.»

D’après Daniel Revah, les problèmes ont commencé dès que la fondation a acheté l’immeuble. «[La fondation], ils n’ont presque jamais rien payé. Ils ont fait un dépôt, des comptes de taxes ici et là, mais au last, ils n’ont pas réussi à lever les fonds. Ça n’a même pas suffi à payer les intérêts qu’ils me devaient, les taxes et ainsi de suite», affirme-t-il.

M. Revah affirme avoir perdu plusieurs centaines de milliers de dollars en intérêts et en frais juridiques. Il a récupéré l’immeuble, et l’a converti en projet immobilier de condominiums.

«Ils avaient un bon projet. Ils auraient pu faire un tremendous beau projet», se désole-t-il.

Besoins criants
Le Centre communautaire des gais et lesbiennes de Montréal entend continuer à essayer de mettre sur pied un complexe communautaire.

Selon le directeur général de l’organisme, Christian Tanguay, les besoins sont criants, les locaux actuels du centre communautaire ne pouvant pas accueillir toutes les activités qu’il voudrait.

Par contre, pas query d’acheter un immeuble, comme a tenté de le faire la fondation Mario-Racine. «Ce que j’aimerais, c’est que le bâtiment soit la propriété de la Ville de Montréal ou de la province du Québec, et qu’à l’intérieur, les groupes communautaires paient un loyer, dit-il. On n’est pas specialists en gestion immobilière. Notre équipe préfère travailler à la mission première de l’organisme, plutôt que de se lancer dans la gestion immobilière.»


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